Friches urbaines : un trésor de biodiversité ?

Quand on pense aux friches urbaines, on imagine souvent des terrains vagues, des endroits abandonnés, envahis par les ronces et les herbes hautes. Des lieux perçus comme sales, inutiles, en attente de “mieux”.

Et pourtant. Ces zones laissées à elles-mêmes sont parfois les derniers véritables refuges de biodiversité en ville.

Qu’est-ce qu’une friche urbaine, exactement ?

Il ne s’agit pas d’un terrain en mauvais état, mais d’un espace temporairement délaissé, souvent entre deux projets, où la nature reprend doucement ses droits.

  • Une ancienne zone industrielle en attente de réhabilitation
  • Une parcelle non construite entre deux immeubles
  • Un bord de voie ferrée, un terrain vague, un chantier en sommeil…

Ce sont des lieux sans fonction définie… et c’est justement ce qui en fait leur richesse.

Pourquoi les friches urbaines sont-elles si précieuses ?

Dans un tissu urbain densifié, où les espaces verts sont rares et encadrés, les friches offrent un environnement libre, dynamique, évolutif, propice à la diversité du vivant.

Elles accueillent :

  • Des plantes spontanées, souvent oubliées ailleurs
  • Des insectes pollinisateurs, qui y trouvent refuge et nourriture
  • Des petits mammifères ou oiseaux qui fuient les zones trop fréquentées
  • Une végétation variée qui crée des microclimats utiles en période de chaleur

Ces milieux sont souvent plus riches écologiquement qu’un parc trop entretenu.

Mais alors… pourquoi les supprime-t-on ?

Parce qu’elles détonnent. Les friches urbaines bousculent notre vision ordonnée de la ville. Elles échappent à la norme, à la maîtrise. Elles dérangent ceux qui préfèrent le propre, le contrôlé, le prévisible.

Elles sont aussi perçues comme des opportunités foncières à exploiter, des terrains à “valoriser”. Et dans un contexte où chaque mètre carré est convoité, elles deviennent invisibles aux yeux des plans d’aménagement.

Et si on changeait de regard ?

Plutôt que de les voir comme des zones à combler, on pourrait :

  • Les cartographier et suivre leur évolution écologique
  • Les intégrer aux stratégies de biodiversité urbaine
  • Les utiliser comme supports pédagogiques pour les écoles
  • Y accueillir des projets culturels ou participatifs, sans tout figer
  • Leur accorder un statut transitoire protégé, le temps de leur requalification

Les friches peuvent devenir des espaces d’expérimentation — à la fois écologiques, sociaux et citoyens.

À Genève : le Jardin des Nations, un modèle à suivre

S’il fallait un exemple concret d’utilisation intelligente d’un terrain en friche, Genève en offre un remarquable avec le Jardin des Nations.

Installé sur une parcelle en attente de développement immobilier, ce projet a transformé un espace laissé vacant en un lieu vivant, inclusif et ouvert à tous. Plutôt que de laisser la nature s’effacer dans l’attente de béton, la ville (en collaboration avec plusieurs partenaires) a choisi de laisser place à la culture, à l’agriculture urbaine, et à la convivialité.

Ce jardin temporaire, mais soigneusement pensé, montre qu’il est possible de valoriser une friche sans la figer, en alliant nature, créativité et participation citoyenne.
Un bel exemple de ce que pourraient devenir d’autres zones oubliées ou délaissées, à Genève comme ailleurs.

Conclusion : redonner leur place aux zones sans programme

Les friches urbaines sont souvent les seuls espaces où la nature peut encore s’exprimer librement en ville. Elles nous rappellent que le vivant n’a pas toujours besoin d’être prévu, planté ou contrôlé pour exister.

Dans un monde où tout doit avoir une fonction, une utilité, une rentabilité, ces lieux silencieux et imparfaits sont des respirations essentielles. Et si la prochaine fois qu’on croisait une friche, on se demandait non pas “ce qu’on pourrait y mettre”, mais ce qu’il s’y passe déjà ?

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