Genève en vert : quelle politique pour demain?

À Genève, les discussions autour de l’écologie urbaine sont de plus en plus présentes. Et c’est tant mieux. Mais quand on regarde le terrain — ou plutôt, ce qu’il en reste — on comprend vite que la politique nature en ville est encore trop timide face aux défis actuels.

Aujourd’hui, alors que la pression urbaine augmente, que le climat se dérègle, et que les citoyens aspirent à un cadre de vie plus apaisé, il est urgent de se poser une question simple : quelle politique nature en ville Genève veut-elle vraiment mener ?

Une ville qui parle de nature… mais la sacrifie trop souvent

Genève se veut « verte », « durable », « résiliente ». Pourtant, dans les faits, les espaces naturels en ville se réduisent, morcelés par les projets d’infrastructure, les parkings souterrains, ou les équipements sportifs mal implantés.

Certaines parcelles végétalisées disparaissent sans bruit. Des arbres matures sont coupés en quelques heures, au nom de l’aménagement. Et les friches urbaines — pourtant pleines de vie — sont souvent perçues comme des « vides à combler ».

Cette contradiction entre le discours et l’action fragilise la confiance citoyenne.

Une politique nature en ville : qu’est-ce que ça implique?

Une véritable politique nature en ville ne consiste pas seulement à planter quelques arbres en bord de route ou à poser du gazon synthétique entre deux dalles. Elle suppose :

  • La protection des arbres existants, y compris en zone urbaine dense
  • La préservation des espaces non construits, qu’ils soient planifiés ou spontanés
  • Le soutien à la biodiversité urbaine, via des aménagements respectueux et connectés
  • L’intégration de la nature dans les écoles, les logements sociaux, les quartiers populaires
  • Une cohérence d’ensemble, entre les services de l’urbanisme, de l’environnement, de la mobilité

Ce n’est pas une politique « verte » au rabais. C’est un engagement transversal, ambitieux, mesurable.

Des décisions locales parfois à contre-sens

Prenons l’exemple du projet de skatepark à Montbrillant.
Au lieu de rénover un équipement existant, le choix a été fait de sacrifier une parcelle riche en biodiversité, déjà entretenue par les habitants, pour y construire en pleine zone de chaleur.

D’autres projets, à l’échelle du canton ou de la ville, suivent le même schéma : artificialiser ce qui fonctionne déjà naturellement, au lieu d’exploiter les opportunités d’optimisation ailleurs.

Résultat : la nature devient l’élément le plus malléable du territoire, celui qu’on déplace, qu’on taille ou qu’on efface dès qu’un autre usage est jugé prioritaire.

Une politique verte, ça se construit avec les habitants

Et si l’on arrêtait de penser la ville « pour » les citoyens, et qu’on la pensait enfin « avec » eux ?
Les associations, les collectifs de quartier, les bénévoles qui entretiennent les espaces verts, les parents qui défendent les coins de nature autour des écoles… Tous sont déjà acteurs du paysage urbain.

Inclure ces voix dans les processus décisionnels, c’est enrichir la réflexion. C’est faire émerger des idées souvent plus intelligentes, plus durables, plus humaines.

Parce qu’en matière de nature, ceux qui l’habitent sont souvent les mieux placés pour en prendre soin.

Et maintenant : quelles priorités concrètes pour Genève?

Voici quelques pistes que pourrait porter une politique nature en ville plus cohérente :

  • Identifier et protéger les parcelles végétalisées existantes, même modestes
  • Valoriser les friches urbaines comme espaces de respiration et de biodiversité
  • Créer un cadre réglementaire clair pour éviter l’abattage injustifié d’arbres
  • Lancer un plan de végétalisation coordonné, avec priorité aux zones à forte densité
  • Soutenir les associations locales qui entretiennent, sensibilisent, et innovent
  • Intégrer la nature dans tous les projets d’urbanisme dès la phase de conception

Bref : passer du slogan à l’action.

Conclusion : une ville vivable commence par le vivant

Genève a les moyens d’être une référence en matière de politique nature en ville. Les compétences sont là, les idées circulent, les citoyens sont mobilisés. Il manque encore parfois le courage de prioriser le vivant, d’affirmer que certains espaces doivent être protégés… non pas parce qu’ils sont “utiles”, mais parce qu’ils sont essentiels.

Et si la ville se donnait comme ambition non pas d’accueillir plus de béton, mais plus de vie ?
Ce n’est pas un rêve naïf. C’est un choix de société.

Et il se joue, très concrètement, dans les décisions que nous prenons — ou que nous laissons passer — à l’échelle de chaque quartier.

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