Les parcs à chiens à Genève: entre besoin réel et réalité du terrain

À Genève, on ne peut pas dire que les chiens soient complètement oubliés : plusieurs parcs à chiens existent officiellement dans la ville. Mais à bien y regarder, leur conception, leur répartition et leur accessibilité posent question.

Entre la théorie et la réalité du terrain, le fossé est parfois grand : trop petits, mal situés, parfois inconfortables pour les chiens comme pour leurs humains, ces espaces ressemblent souvent plus à une obligation municipale remplie à la va-vite qu’à une réelle réponse aux besoins du terrain.

Alors que les chiens ont besoin de courir, de flairer, de se défouler, leurs propriétaires ne devrait pas avoir à choisir entre légalité et bien-être.

Des parcs à chiens… mal pensés dès le départ

Sur le papier, ces parcs sont censés offrir aux chiens un espace clos pour courir, socialiser et se défouler en sécurité. Dans la réalité, nombre d’entre eux souffrent de problèmes structurels évidents :

  • Surfaces exiguës, trop souvent inadaptées aux grands chiens ou à la socialisation en groupe
  • Emplacements parfois peu engageants, coincés entre des axes routiers, entre immeubles, parfois sans végétation
  • Absence de point d’eau, un non-sens total en période estivale
  • Sols durs ou boueux, peu praticables, glissants ou dangereux selon la météo
  • Mobilier sommaire, parfois sans bancs pour les maîtres, ni enrichissement pour les chiens

Ces lacunes donnent le sentiment que ces parcs ont été conçus sans réelle attention au vécu des utilisateurs, qu’ils soient à deux ou à quatre pattes. À se demander d’ailleurs très sérieusement qui les imagine et les conçoit.

Une accessibilité qui laisse à désirer…

Au-delà de leur localisation, l’accessibilité physique des parcs à chiens pose un réel problème.
Trop souvent, ces espaces sont conçus sans prendre en compte la diversité des usagers :

  • Portails lourds, difficiles à manœuvrer, parfois même impossibles à ouvrir d’une seule main (et encore moins avec une poussette, un déambulateur ou un fauteuil roulant)
  • Terrains en pente ou en gravier meuble, glissants ou peu praticables
  • Absence de chemin d’accès adapté, bancs mal placés, ou zones enherbées devenant boueuses à la première pluie…

Résultat : une partie des citoyens, qu’ils soient âgés, en situation de handicap ou simplement moins mobiles, se retrouvent exclus de ces lieux pourtant censés être publics et ouverts à tous.

Dans une ville comme Genève, où l’on parle d’inclusion, de mobilité douce et de qualité de vie, ce manque d’accessibilité universelle est un vrai angle mort.

Une absence totale de concertation

La ville de Genève n’a pas, à ce jour, engagé de processus participatif clair autour de la conception ou de la rénovation de ces parcs.
Pas de consultation des propriétaires de chiens.
Pas de dialogue avec les associations du quartier.
Pas d’évaluation de l’usage ou des besoins réels.

Et pourtant, ces espaces pourraient devenir de véritables lieux de lien social, de sensibilisation à l’éducation canine, ou de détente partagée. Mais pour cela, encore faudrait-il associer les premiers concernés.

Ce que pourrait être un bon parc à chiens

Ce n’est pas une utopie. Plusieurs villes suisses ou européennes proposent déjà des modèles inspirants. Même Genève dispose des quelques parcs dont il faudrait sérieusement s’inspirer (Parc Bertand, Parc à chiens de Montbrillant, Parc des franchises – du moins avant sa défiguration…)
Un bon parc à chiens, c’est :

  • Un espace suffisamment grand, végétalisé, ombragé ou du moins partiellement ombragé
  • Un point d’eau disponible toute l’année
  • Du mobilier simple pour les maîtres, de l’enrichissement pour les chiens (rochers, troncs, petites buttes)
  • Une signalétique claire, des horaires cohérents
  • Un entretien régulier, et un lien avec les utilisateurs pour faire remonter les besoins
  • Une situation géographique réfléchie, en accord avec les structures environnantes

Ce n’est pas du luxe. C’est du respect basique pour un usage réel, quotidien, familial.

Conclusion : pour une vraie politique canine urbaine

À Genève, les parcs à chiens ne manquent pas totalement — mais ils manquent d’ambition, d’écoute et de cohérence. Ils donnent souvent l’image d’un aménagement contraint, bâclé, placé là où « il restait de la place ».

Et pourtant, dans une ville qui veut penser le bien-être animal, la qualité de vie et la nature en milieu urbain, ces lieux peuvent devenir des leviers puissants de transformation.

Encore faut-il les penser avec et pour leurs usagers.

Pour aller plus loin…

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