Elles passent souvent inaperçues. Un coin de verdure entre deux immeubles, une bande enherbée au bord d’une route, un petit terrain non construit où la nature a repris ses droits… Ce sont les parcelles végétalisées, ces bouts de ville que l’on croit « inutiles » mais qui, en réalité, rendent de précieux services — à la nature comme aux humains.
Et pourtant, elles disparaissent. Discrètement, mais sûrement.
Quand “friche” devient “projet”
Le problème, c’est que ces espaces sont rarement nommés. Ils ne sont ni parcs officiels, ni réserves naturelles. Résultat : ils ne bénéficient d’aucune vraie protection.
Ils sont souvent les premiers à être visés lorsqu’un nouveau bâtiment, un parking ou une extension de voirie est envisagé.
On parle alors de “terrains vacants”, de “végétation spontanée”, de zones “non valorisées”… Autant de termes qui masquent le fait que ces parcelles accueillent la vie, rafraîchissent l’air, filtrent l’eau de pluie, et participent à la résilience urbaine.
Des fonctions écologiques majeures… mais invisibles
Une parcelle végétalisée peut :
- Créer un refuge pour la biodiversité en pleine ville
- Lutter contre les îlots de chaleur, en abaissant la température
- Absorber l’eau et réduire le risque d’inondation
- Filtrer la pollution et améliorer la qualité de l’air
- Servir d’espace de respiration pour les riverains… ou simplement d’abri pour un hérisson ou une mésange
Ces espaces, souvent jugés “temporaires”, sont en réalité structurants dans l’équilibre écologique d’un quartier.
Alors pourquoi sont-ils si menacés ?
Parce qu’ils ne rentrent pas dans les cases. Parce qu’ils ne sont pas “aménagés”, ni “valorisés”. Parce que l’urbanisme moderne cherche à optimiser chaque centimètre carré. Et parce que la nature, quand elle pousse librement, dérange parfois notre vision trop rigide de la ville.
Mais ce regard mérite d’évoluer. Dans un monde où le climat devient de plus en plus imprévisible, peut-on encore se permettre de sacrifier ces zones de vie pour du béton supplémentaire ?
Ce que nous pouvons faire
- Identifier et cartographier les parcelles végétalisées de notre quartier
- Témoigner de leur usage : photos, observations, récits… pour prouver leur utilité
- Soutenir les collectifs citoyens qui se battent pour leur reconnaissance
- Demander aux autorités locales d’intégrer ces parcelles dans les plans d’aménagement
- Et surtout : changer de regard. Un terrain en herbe, ce n’est pas “rien”. C’est un microcosme.
Conclusion : redonner de la valeur à ce qui semble vide
Les parcelles végétalisées ne crient pas, ne manifestent pas, ne déposent pas de recours. Mais elles remplissent une mission silencieuse et essentielle. Elles sont là pour tempérer, pour accueillir, pour relier.
En les effaçant, on ne construit pas juste un immeuble. On appauvrit le vivant, on coupe les liens invisibles entre les espèces, on prive le quartier d’un peu d’âme et de fraîcheur.
Il est temps de leur redonner un statut, une voix, une reconnaissance.
Parce que dans la ville de demain, la nature ne peut plus être reléguée à la marge. Elle doit faire partie du cœur.
Pour aller plus loin
- La biodiversité dans l’espace urbain – OFEV (Office fédéral de l’environnement)
- La nature dans les zones habitées – Pro Natura
- Comment la Suisse verdit ses villes – Magazine OFEV