Le 1ᵉʳ avril 2025, le Grand Conseil vaudois a adopté à une voix près une motion ambitieuse : restaurer et protéger 30% du territoire cantonal d’ici 2030, en ligne avec le Pacte de Montréal sur la biodiversité.
Un signal fort envoyé par le canton… mais aussi le reflet de tensions bien réelles sur l’usage du sol, notamment entre enjeux agricoles et environnementaux.
Une majorité ténue pour une ambition écologique forte
Déposée par le député Vert Pierre Zwahlen, la motion a été acceptée 72 voix contre 71 après avoir d’abord été… refusée, d’une voix près.
Un vote reversé grâce au vote nominal, illustrant à quel point le débat reste fracturé.
Le texte demande au Conseil d’État de porter la surface écologique protégée à 30% du territoire, contre 8,8% aujourd’hui (selon l’Office fédéral de l’environnement).
C’est aussi le double des objectifs que s’était fixés le gouvernement vaudois dans son programme législatif (15 à 20%).
Une motion conforme aux engagements internationaux
La proposition s’inscrit dans la dynamique du Pacte de Montréal (COP15 biodiversité), qui appelle les États à protéger 30% de leurs terres et mers d’ici 2030.
Plusieurs cantons, dont Genève et Vaud, commencent à inscrire cette logique dans leurs plans d’aménagement.
Dans le canton de Vaud, cela se traduirait par :
- des revitalisations de rivières (comme la Chamberonne),
- des projets dans les zones forestières et agricoles,
- et la révision des plans d’affectation communale pour intégrer une trame verte cohérente.
Des résistances, notamment du PLR et de l’UDC
Le texte n’a pas fait l’unanimité, loin de là.
- Le PLR, par la voix de Loïc Bardet, a dénoncé un “chèque en blanc” et le flou sur les terres concernées.
- L’UDC a parlé d’une menace pour la production agricole, estimant que les objectifs actuels (15–20%) étaient déjà ambitieux.
Ces partis redoutent notamment que les terres arables soient touchées, sans contreparties ou plan de compensation clairement défini.
Pas de “mise sous cloche”, selon les Verts
Face à ces critiques, les défenseurs du texte ont tenu à rassurer les milieux paysans.
“Il ne s’agit pas de geler des surfaces agricoles, mais d’agir intelligemment, en collaboration avec les acteurs du terrain”, a précisé Alberto Mocchi, député Vert.
La gauche et les Vert’libéraux ont insisté sur le dialogue nécessaire avec les agriculteurs pour construire des solutions durables, notamment dans le Jura et les Préalpes, moins exposés à l’intensification agricole.
Et à Genève ? Une stratégie sans objectif chiffré… mais engagée
Le canton de Genève n’est pas en reste sur le sujet. Depuis 2018, il s’est doté d’une Stratégie Biodiversité Genève 2030 (SBG-2030), qui vise à intégrer le vivant dans toutes les politiques publiques, de l’urbanisme à l’agriculture, en passant par la participation citoyenne.
Cette stratégie repose sur trois grands axes : connaître, enrichir et valoriser la biodiversité.
Elle mise sur des actions concrètes et transversales, sans toutefois fixer d’objectif chiffré global (comme les 30% votés dans le canton de Vaud).
Mais l’ambition est bien là : faire de Genève un territoire résilient, capable d’assurer ses fonctions écologiques tout en accueillant l’activité humaine. Un chantier de long terme, qui mériterait d’être suivi de près… et peut-être renforcé.
Pour aller plus loin…
- LFM – La motion biodiversité acceptée à une voix
- Radio Lac – Débat politique autour de la motion
- Stratégie Biodiversité Genève 2030 (SBG-2030)